Le secteur agricole français est à la croisée des chemins.
Avec près de la moitié des exploitants agricoles âgés de 52 ans en 2022, une vague de départs à la retraite se profile à l’horizon. Cette situation pose des questions cruciales sur le renouvellement des générations et l’attractivité du secteur auprès des jeunes, notamment de la génération Z.
Comment transmettre le savoir-faire agricole et attirer une nouvelle vague de professionnels ?
Un secteur agricole vieillissant face à une vague de départs en retraite
Le secteur agricole français est confronté à un vieillissement important de sa main-d’œuvre, ce qui représente un défi majeur pour son avenir.
En 2020, l’âge moyen des exploitants agricoles était de 51,4 ans, contre 50,2 ans en 2010, ce qui reflète un vieillissement progressif de cette main-d’œuvre essentielle. Plus préoccupant encore, 43 % des agriculteurs auront plus de 55 ans en 2020, soit une augmentation de 7 points par rapport à 2010. Cette tendance suggère qu’une part importante des agriculteurs atteindra l’âge de la retraite au cours des dix prochaines années, soulignant le besoin urgent de renouvellement des générations.
Parallèlement, le nombre d’exploitations agricoles a connu une diminution significative. En 2020, la France métropolitaine comptait environ 390 000 exploitations, soit une baisse de 100 000 par rapport à 2010.
Cette réduction s’explique en partie par la consolidation des exploitations et l’agrandissement des structures existantes, la surface agricole utilisée moyenne passant de 55 hectares en 2010 à 69 hectares en 2020. Toutefois, cette concentration des terres ne compense pas la perte de main-d’œuvre qualifiée et expérimentée due aux départs en retraite.
L’attractivité du secteur agricole auprès de la Génération Z
Ce n’est un secret pour personne : la génération Z, née entre 1997 et 2012, est à la recherche de carrières porteuses de sens et en phase avec ses valeurs.
L’agriculture, en tant que secteur essentiel à la souveraineté alimentaire et à la transition écologique, dispose d’atouts indéniables pour attirer ces jeunes.
Selon une enquête de l’ANEFA Finistère, les jeunes s’intéressent de plus en plus aux carrières durables et innovantes, 78 % des personnes interrogées dans le cadre d’une étude 2023 exprimant un fort désir d’allier technologie et agriculture.
La génération Z recherche des carrières qui contribuent positivement à la société. L’agriculture répond à ces aspirations.
Les programmes d’enseignement agricole, à la fois diversifiés et innovants, offrent des opportunités en phase avec ces valeurs. L’intégration croissante de nouvelles technologies qui améliorent les conditions de travail ajoute également à l’attrait du secteur.
L’adoption de technologies avancées telles que la robotique et l’agriculture de précision, qui transforment les pratiques agricoles, en fait partie.
Des événements tels que le World FIRA 2025 ont mis en lumière les innovations dans le domaine de la robotique agricole, montrant le potentiel de ces technologies pour moderniser le secteur.
Cependant, des obstacles subsistent. Pour attirer durablement cette génération vers les métiers agricoles, les conditions de travail, la rémunération et la perception du métier sont des facteurs déterminants et parfois rédhibitoire au moment de faire le choix d’une carrière professionnelle.
Comme le souligne Olivier Barachet, Practice Director chez NAOS International :
« Il est impératif de moderniser l’image du secteur agricole et de mettre en avant les opportunités qu’il offre en termes d’innovation, de durabilité et d’esprit d’entreprise ».
La transmission des savoir-faire : un enjeu crucial
La passation des connaissances et des compétences est essentielle pour assurer la pérennité du secteur. Des dispositifs tels que « Transmettre mon savoir-faire agricole » visent à faciliter cette transmission en encourageant les agriculteurs expérimentés à former les futurs repreneurs. Ces initiatives permettent non seulement de préserver les techniques traditionnelles, mais aussi d’intégrer de nouvelles pratiques innovantes.
Olivier Barachet insiste sur l’importance de cette démarche : « La collaboration intergénérationnelle est la clé pour allier expérience et innovation, et ainsi construire une agriculture française résiliente et compétitive. »
Vers une agriculture moderne et attractive
Pour attirer la Génération Z, le secteur agricole doit évoluer et s’adapter aux aspirations des jeunes. Une des clés réside dans la facilitation du passage de témoins entre les élèves diplômés et les exploitants en fin de carrière sans repreneurs potentiels.
Prenons pour exemple, le partenariat établi entre Maïsadour, coopérative agricole du Sud-Ouest et les Maisons Familiales Rurales (MFR) d’Aire-sur-l’Adour et de Mont vise à faciliter la mise en relation entre des agriculteurs sans successeur, envisageant de transmettre leur exploitation dans un délai de 3 à 8 ans, et des étudiants en formation agricole, dépourvus de ferme à reprendre, mais ayant un projet d’installation après leurs études.
L’anticipation des départs à la retraite dans le secteur agricole français est à la fois un défi et une opportunité.
En adoptant de nouvelles pratiques technologiques, en valorisant les métiers de l’agriculture et en facilitant la transmission des savoir-faire, l’agriculture peut séduire la génération Z et assurer son avenir.
Assurer la pérennité de l’agriculture française nécessite une collaboration étroite entre les coopératives et les établissements d’enseignement agricole pour faciliter la transmission des exploitations.
Cette démarche est essentielle pour maintenir la vitalité de nos territoires et de nos filières, d’autant plus que de nombreuses fermes à transmettre sont économiquement performantes. Il est également crucial de soutenir l’installation de nouveaux agriculteurs, notamment ceux issus de milieux non agricoles, qui représentent 40 % des reprises. Ensemble, ces initiatives contribueront à relever le défi du renouvellement des générations en agriculture.