Alice Lebugle, notre consultante spécialisée en aéronautique, défense et sécurité, nous livre sa vision sur l’achat de 12 Rafale par la Serbie.
La Serbie devient le 7e pays étranger et le 3e pays européen après la Grèce en 2020 et la Croatie en 2021 à acquérir des avions de combat Rafale.
« Le contrat signé entre la France et la Serbie d’aout 2024 concluant la vente de 12 Rafale fait énormément parler de lui.
On peut lire dans la presse que la position de la Serbie à l’égard de la Russie pourrait permettre aux Russes de copier allègrement les technologies françaises pour, d’une part reproduire à l’identique le savoir-faire français, et d’autre part, renseignerait ces derniers sur le niveau de la France à ce sujet.
Au-delà de l’intérêt économique de cette transaction pour la France, qui, pour rappel à vendu ces Rafale pour 2,7 milliards d’euros, cette vente permet également de réaffirmer une nouvelle fois le positionnement de la France et de son industrie de défense sur l’échéquier géopolitique mondial, mais également plus localement, dans les Balkans, après la vente de chasseurs à la Grèce et à la Croatie. Si certains s’inquiètent de la position de la Serbie, qui s’éloigne de plus en plus l’Union Européenne (la Serbie est officiellement candidate pour être membre de l’UE depuis 2012, mais s’en éloigne de plus en plus), au profit de Vladimir Poutine, pourquoi cette vente ne pourrait-elle pas, au contraire, faire pencher la balance en faveur de l’Europe ?
La livraison des appareils, prévue à partir de 2029, sera accompagnée d’une longue formation de proximité dispensée par les grands acteurs industriels et militaires français. Dans ce contexte, pourquoi s’interdire de penser que cette instruction indispensable au plus près des forces armées serbes ne permettrait pas également d’affirmer un soft power à la française ?
La question qui émane toutefois des inquiétudes collectives est la suivante : quelles seraient les conséquences si la technologie du Rafale parvenait entre les mains de la Russie ?
Si cette question suscite de vifs échanges, il peut être utile de penser que les industriels français et la Direction Générale de l’Armement ont certainement dû se préoccuper de la réponse. «