L’évolution rapide des technologies et l’avènement de l’Internet des objets (IoT) transforment nos villes en entités hyperconnectées, appelées smart cities ou villes intelligentes. Ces nouvelles agglomérations visent à améliorer la qualité de vie de leurs habitants tout en répondant aux défis environnementaux qui nous attendent.
Mais quels sont réellement les avantages et les inconvénients de cette hyperconnectivité ?
Les avantages de l’hyperconnectivité dans les smart cities
Efficacité énergétique et durabilité environnementale
On le sait, l’émission de gaz à effet de serre demeure le plus grand challenge en termes de préservation de notre écosystème.
Comme dans l’ensemble de l’Union européenne, l’utilisation d’énergie est la première source d’émissions de GES (gaz à effet de serre) en France.
L’un des principaux objectifs des villes intelligentes est réduire l’émission de carbone et de promouvoir une gestion durable des ressources. Grâce à l’IoT, les bâtiments et les infrastructures peuvent être équipés de capteurs qui optimisent l’utilisation de l’énergie et de l’eau. Par exemple, les systèmes de gestion énergétique intelligents permettent de réguler la consommation en temps réel, réduisant ainsi les gaspillages.
« Les villes intelligentes intègrent des technologies avancées pour produire une énergie renouvelable et gérer l’eau de manière durable, ce qui est crucial pour atteindre les objectifs de neutralité carbone », explique Victoire Duhem, Practice Director chez NAOS International.
Les initiatives telles que l’utilisation de matériaux locaux et récupérateurs d’énergie pour la construction d’habitats, ainsi que la mise en place de systèmes de recyclage efficaces, sont également des composantes clés des smart cities.
Copenhague, par exemple, a d’ores-et-déjà entrepris d’équiper tout son mobilier urbain de capteurs, depuis le lampadaire (afin de réduire la consommation d’énergie) à la poubelle (pour une collecte optimisée des déchets).
Amélioration des transports et de la mobilité
Les transports collectifs et non polluants constituent une autre priorité des villes intelligentes. Grâce à l’hyperconnectivité, les systèmes de transport peuvent être coordonnés de manière plus efficace. Les véhicules autonomes, les applications de partage de trajet et les réseaux de transport public intelligents réduisent la congestion et les émissions de gaz à effet de serre.
Parlons ici de Taiwan et de sa capitale.
En 2016, Taipei a mis en place le « Bureau de gestion du projet Smart City de Taipei » pour favoriser la collaboration entre les secteurs public et privé sur les initiatives de ville intelligente. En 2021, Taipei s’est distinguée en se classant deuxième en Asie et quatrième à l’échelle mondiale selon l’indice IMD Smart City.
Les hautes montagnes entourant Taipei retiennent les polluants atmosphériques, entraînant des problèmes significatifs de qualité de l’air. Pour y remédier, un programme de surveillance de la qualité de l’air a été instauré, où des capteurs envoient des alertes automatisées et des messages sur les itinéraires de circulation pour informer les citoyens et rediriger le trafic dans les zones où la qualité de l’air est mauvaise. De plus, un système de feux de circulation contrôlé par l’intelligence artificielle aide à fluidifier le trafic et à réduire les concentrations de pollution en minimisant les temps de ralenti durant les heures de pointe.
Qualité de vie et services publics améliorés
L’hyperconnectivité permet également d’améliorer la qualité de vie des citoyens en optimisant les services publics. Par exemple, les systèmes de gestion des déchets intelligents peuvent surveiller les niveaux de remplissage des bennes et organiser des collectes plus efficaces. De plus, les technologies de surveillance de la qualité de l’air et de l’eau permettent de garantir un environnement plus sain pour les habitants.
Victoire Duhem note : « L’interopérabilité des systèmes dans une ville intelligente permet de fournir des services plus réactifs et personnalisés aux citoyens, améliorant ainsi leur bien-être au quotidien. »
Les inconvénients et défis
Sécurité et confidentialité des données
L’un des principaux inconvénients de l’hyperconnectivité est la question de la sécurité et de la confidentialité des données. Les villes intelligentes collectent d’énormes quantités de données sur leurs habitants, ce qui soulève des préoccupations quant à la protection de la vie privée. Les cyberattaques et les fuites de données peuvent avoir des conséquences graves pour les individus et les infrastructures urbaines.
Selon un rapport de Cisco, la sécurité des infrastructures IoT est une préoccupation majeure, avec plus de 70 % des dispositifs IoT étant vulnérables à des attaques.
Les villes doivent donc investir massivement dans des solutions de cybersécurité pour protéger leurs réseaux et les données des citoyens.
Coût et complexité de l’implémentation
La mise en place d’une ville intelligente nécessite des investissements considérables en infrastructure et en technologie. Les coûts initiaux peuvent être prohibitifs pour de nombreuses municipalités, en particulier celles des pays en développement.
Idate, cabinet spécialisé dans l’économie numérique anticipait en 2023, des investissements dans les technologies de l’information au cœur des villes intelligentes.
La région Asie-Pacifique mène la danse avec 43 % des investissements, suivie de l’Europe avec 27 % et de l’Amérique du Nord avec 20 %.
L’ampleur et la vitalité de ces investissements reflètent une certaine maturité des technologies des villes intelligentes.
En France, cependant, la smart city semble perdre de l’attrait et, à quelques exceptions près, n’est pas présentée comme un modèle.
Les défis liés à l’interopérabilité des différents systèmes technologiques peuvent également ralentir le déploiement des smart cities. Il est essentiel de s’assurer que les nouvelles technologies peuvent fonctionner ensemble de manière harmonieuse pour éviter les inefficacités et les dysfonctionnements.
Risque de fracture numérique
L’hyperconnectivité peut également accentuer la fracture numérique entre les différentes couches de la population. Les personnes ayant un accès limité à la technologie ou à internet risquent d’être laissées pour compte dans une ville intelligente. Aussi, il est crucial que les initiatives de smart cities incluent des stratégies pour garantir l’accessibilité et l’inclusivité numérique.
En hexagone, un plan d’investissement « France 2030 » a bien été lancé par le gouvernement Macron.
Le plan établit plusieurs ambitions qui devront se concrétiser et s’ancrer localement auprès des collectivités territoriales notamment.
Les stratégies de territoire intelligent visent à apporter une mise en œuvre opérationnelle couvrant toutes les communes, qu’elles soient urbaines, périurbaines ou (et surtout) rurales. Par exemple, « France 2030 » met l’accent sur la transition énergétique et la résilience, en faisant de ces thèmes des axes prioritaires.
Une étude de la Banque mondiale souligne que l’inégalité d’accès à la technologie peut exacerber les disparités socio-économiques. Les villes intelligentes doivent donc adopter une approche inclusive pour s’assurer que tous les citoyens peuvent bénéficier des avantages de l’hyperconnectivité.
Des opportunités de développement pour les entreprises
Transports intelligents et infrastructures
Les smart cities offrent d’énormes opportunités de développement pour les entreprises spécialisées dans les transports et les infrastructures. Les solutions de mobilité intelligente, telles que les véhicules autonomes et les réseaux de transport public optimisés, sont des domaines en pleine expansion. Les entreprises peuvent également se positionner sur le marché des infrastructures connectées, en proposant des systèmes de gestion énergétique et de surveillance environnementale.
Bâtiments durables et gestion des ressources
Avec l’entrée en vigueur de la RE 2020, de nouvelles normes doivent désormais être respectées pour les constructions neuves ainsi que pour les projets de réhabilitation du bâti ancien.
Cette réglementation s’applique également aux rénovations de logements soumises à une déclaration préalable à partir du 1er janvier 2022. Ces nouvelles mesures visent à limiter la consommation d’énergie des bâtiments, à réduire leur empreinte carbone et à améliorer le confort des occupants.
Les entreprises du secteur de la construction ont donc un rôle clé à jouer dans le développement des smart cities. L’utilisation de matériaux locaux et récupérateurs d’énergie, ainsi que la conception de bâtiments durables et intelligents, sont des tendances majeures. De plus, les solutions de gestion des ressources, telles que les systèmes de recyclage et de gestion de l’eau, offrent des opportunités significatives.
Technologies de l’information et de la communication
Les entreprises spécialisées dans les technologies de l’information et de la communication (TIC) sont au cœur des villes intelligentes.
Elles peuvent développer des plateformes d’interopérabilité, des solutions de cybersécurité et des applications IoT pour améliorer la connectivité et la sécurité des infrastructures urbaines.
Si les smart cities, représentent l’avenir de nos agglomérations urbaines, elles présentent également des défis en matière de sécurité des données, de coûts d’implémentation et de fracture numérique.
Pour réaliser pleinement le potentiel des smart cities, il est crucial que les décideurs garantissent une approche inclusive et sécurisée.
Les opportunités de développement sont vastes pour les entreprises spécialisées dans les transports, les infrastructures, le bâtiment et les technologies de l’information. Cela passe par une transformation profonde des organisations, une identification et la rétention des talents qui pourront permettre de bâtir les villes de demain.