Le secteur des énergies renouvelables connaît une croissance fulgurante à l’échelle mondiale, portée par les enjeux climatiques et les politiques de transition énergétique.
Selon le rapport « World Energy Investment 2023 » de l’Agence Internationale de l’Énergie (AIE), les investissements mondiaux dans les énergies renouvelables ont atteint 1 700 milliards de dollars en 2023, dépassant pour la première fois les investissements dans les énergies fossiles. Aussi, lors de de la COP 28, 130 pays se sont engagés à atteindre un objectif ambitieux pour limiter le changement climatique : tripler la capacité d’énergie renouvelable d’ici à 2030.
Cette dynamique offre des opportunités d’emploi exceptionnelles à travers le monde, mais pose aussi un défi de taille aux entreprises : la capacité à attirer et faire évoluer leurs talents. Le contexte de transformation rapide du secteur oblige les leaders à être agile et réactifs.
Les talents expérimentés attendent de leur entreprise une compréhension poussée des enjeux actuels afin de mener des projets d’envergure et d’impact. Ils sont également attentifs à la réputation de l’entreprise, aux moyens et à la capacité du board à s’adapter à des marchés “en crise”.
Enfin dans un contexte juridique changeant, l’anticipation et la réactivité suite aux stop and go au niveau des réglementations s’avère être un réel avantage concurrentiel.
Un secteur en pleine expansion, mais des talents de plus en plus exigeants
L’expansion est porteuse de perspectives positives pour l’emploi, elle entraîne aussi une concurrence féroce pour le recrutement des profils qualifiés. Les entreprises rivalisent pour attirer les meilleurs talents, souvent issus de domaines techniques et scientifiques très spécialisés.
Revers de la médaille (au grand dépit des départements RH), cette dynamique génère une volatilité accrue des candidats. La promesse de salaires attractifs, de projets ambitieux et de cultures d’entreprise innovantes pousse les professionnels en poste à se laisser séduire par les offres de la concurrence. « La loyauté des candidats est mise à rude épreuve dans ce secteur en plein essor. Les entreprises doivent impérativement aller au-delà des simples incitations financières pour retenir leurs talents, ” explique Rebekah Latour, Practice Director chez NAOS International.
Des profils polyvalents et agiles capables de mener des projets multisectoriels
Une spécificité de recrutement propre au secteur des énergies renouvelables (ENR) est la recherche de compétences multidisciplinaires combinées à une expertise technique pointue. Contrairement à d’autres secteurs, le recrutement dans les ENR nécessite souvent des profils qui possèdent non seulement des connaissances techniques spécialisées (comme l’ingénierie éolienne, photovoltaïque ou hydrogène), mais aussi une forte sensibilité aux enjeux environnementaux et une capacité à travailler dans des environnements en constante évolution.
L’importance des soft skills et de l’adaptabilité
Dans les ENR, les entreprises recherchent des candidats capables de s’adapter à des technologies émergentes et à des réglementations changeantes. L’adaptabilité, l’esprit d’innovation, et une forte capacité à résoudre des problèmes complexes sont des compétences particulièrement valorisées.
Ces soft skills sont essentiels car le secteur évolue rapidement avec l’intégration de nouvelles technologies comme l’intelligence artificielle pour l’optimisation des réseaux énergétiques ou les solutions de stockage d’énergie.
L’écoute du marché chez les décideurs des équipes techniques et d’innovation est également primordial. En effet, l’alignement avec les besoins du marché et la production s’avèrera payant à moyen terme.
L’exigence de la polyvalence et de la mobilité internationale
Une autre spécificité est la polyvalence attendue des candidats. Les projets dans les ENR nécessitent souvent une coordination entre différentes disciplines (technique, financier, réglementaire), ce qui pousse les recruteurs à privilégier des profils capables de comprendre et d’intégrer plusieurs dimensions d’un projet. Par ailleurs, la dimension internationale de nombreux projets implique une mobilité géographique et culturelle, rendant l’expérience internationale et les compétences linguistiques particulièrement précieuses.
La connaissance des réglementations et politiques locales
Enfin, une spécificité majeure est la connaissance approfondie des réglementations locales et internationales. Les projets d’énergies renouvelables sont fortement influencés par les politiques publiques, les subventions, et les réglementations environnementales. Les recruteurs privilégient donc des candidats ayant une bonne maîtrise de ces aspects, capables d’anticiper et de naviguer dans des cadres législatifs complexes pour assurer la conformité et le succès des projets.
Ces spécificités de recrutement font du secteur des ENR un domaine exigeant et attractif pour des talents diversifiés et hautement qualifiés, où la combinaison de compétences techniques et humaines joue un rôle clé dans le succès des entreprises.
Les leviers de fidélisation : culture d’entreprise et évolution professionnelle
Pour contrer cette volatilité chez les talents, les décideurs RH doivent adopter des stratégies de fidélisation solides, ancrées dans une vision à long terme. L’une des clés réside dans la construction d’une culture d’entreprise forte et engageante. Une étude de LinkedIn révèle que 70 % des professionnels considèrent la culture d’entreprise comme un facteur décisif dans leur choix de rester ou de quitter une entreprise. Dans le secteur des énergies renouvelables, où les valeurs de durabilité et d’impact positif sont souvent centrales, les entreprises ont une opportunité unique de créer un environnement de travail aligné avec les aspirations personnelles des talents.
Rebekah Latour souligne, “Les candidats recherchent des employeurs dont les valeurs résonnent avec leurs convictions personnelles. Cela dépasse les simples aspects environnementaux ; il s’agit aussi de la manière dont l’entreprise traite ses employés, de son engagement social et de sa transparence. ” Créer un sentiment d’appartenance fort passe par une communication authentique, des initiatives de team building, mais aussi par des politiques RH qui valorisent la diversité, l’inclusion et le bien-être au travail.
L’évolution professionnelle est un autre levier crucial. Dans un secteur technologique et innovant comme celui des ENR, les professionnels aspirent à se former en continu et à évoluer rapidement. Proposer des plans de carrière clairs, des programmes de formation personnalisés et des opportunités de mobilité interne permet de répondre à ces attentes et de renforcer la fidélité des talents.
La rémunération ne suffit plus : vers une approche holistique de la rétention des talents
Si la rémunération reste un critère important, elle ne suffit plus à garantir la loyauté des candidats, particulièrement dans les secteurs en forte croissance comme les énergies renouvelables. Une étude de Glassdoor indique que les salariés attachent aujourd’hui plus d’importance aux avantages non financiers, comme la flexibilité du travail, les opportunités de développement personnel et la reconnaissance. Pour les entreprises, cela signifie qu’il faut adopter une approche holistique de la rétention des talents, en intégrant des éléments qui vont bien au-delà du salaire.
« Les employeurs doivent apprendre à attirer et à retenir leurs talents comme ils le feraient pour leurs clients : en offrant une expérience unique, personnalisée et cohérente », ajoute Rebekah Latour. Cela inclut des politiques flexibles de travail à distance, des programmes de mentorat, des avantages en matière de santé mentale et de bien-être, ainsi que des initiatives qui soulignent la contribution de chaque employé à des projets importants.
De plus, la reconnaissance du travail effectué joue un rôle clé dans la satisfaction des employés.
Penser la fidélisation comme un investissement stratégique
La fidélisation des talents dans le secteur des énergies renouvelables est un défi stratégique qui nécessite une approche globale et personnalisée. Les décideurs doivent repenser leur manière de gérer les carrières, en intégrant des éléments de culture d’entreprise, de formation continue et d’expérience collaborateur. Dans un secteur où l’attractivité des candidats est forte, se distinguer par une politique de fidélisation ambitieuse devient un avantage compétitif majeur.
« Les entreprises qui parviennent à créer des environnements de travail engageants et authentiques, et qui investissent dans le développement de leurs talents, parviendront à transformer la volatilité actuelle en une loyauté à long terme », conclut Rebekah Latour. Pour les acteurs du secteur, il ne s’agit plus seulement d’attirer les meilleurs mais de créer les conditions pour qu’ils aient envie de rester.