Taux de nomination de femmes à des postes de direction : Une tendance à la baisse

L’accès aux postes de direction pour les femmes a toujours été un défi majeur, malgré des progrès significatifs au fil des décennies. Alors que la lutte pour l’égalité des sexes dans le monde du travail persiste, des tendances récentes montrent une baisse préoccupante de la nomination des femmes à des postes de direction depuis 2023, après une période de rebond en 2022. Cette analyse se base sur une étude de LinkedIn, qui révèle des données intéressantes quant à la présence des femmes dans les plus hautes sphères des entreprises.

Les obstacles connus à l’accès aux postes de direction

On le sait, les femmes rencontrent depuis longtemps des obstacles structurels et culturels qui entravent leur progression vers des postes de direction. Parmi ces obstacles, plusieurs facteurs clés peuvent être rappelés :

  1. Stéréotypes de genre : Les stéréotypes persistants sur les rôles de genre influencent la perception des capacités des femmes à assumer des rôles de leadership.
  2. Double charge : La responsabilité des tâches familiales pèse encore sur les femmes, limitant leur disponibilité et leur flexibilité pour des rôles exigeants en termes de temps et de déplacements.
  3. Réseaux et parrainage : Les réseaux professionnels jouent un rôle crucial dans l’avancement de carrière. Les femmes ont souvent moins accès aux réseaux de pouvoir dominés par les hommes et bénéficient moins de mentorat et de parrainage qui sont essentiels pour atteindre les postes de direction.
  4. Biais inconscients : Même avec des politiques d’égalité des chances, les biais inconscients continuent d’influencer les processus de recrutement et de promotion. Les décideurs peuvent, sans le vouloir, favoriser les candidats masculins pour des rôles de leadership.

Pour surmonter ces obstacles, Sheryl Sandberg, COO de Facebook, ancienne économiste de la Banque mondiale et chef de cabinet du chef du département du Trésor Publique des États-Unis, a quelques conseils à donner à toutes les femmes dirigeantes.

  • Prenez la place qui VOUS appartient Ne vous cachez au travail, au sens propre comme au sens figuré. Les études montrent que les femmes sous-estiment systématiquement leurs capacités.
    Bien que cela puisse sembler contre-intuitif, placez-vous dans un endroit visible où vous pouvez voir, être vu et participer à l’action.
  • Faites de votre partenaire, un vrai partenaire Bien que les femmes ne dirigent pas suffisamment d’entreprises, nous avons fait plus de progrès au travail qu’à la maison : Aujourd’hui, dans les familles où les deux parents travaillent, les femmes effectuent encore deux fois plus de tâches ménagères et trois fois plus de soins aux enfants que les hommes.
    « Nous devons faire en sorte que le travail à domicile soit aussi important pour les deux sexes si nous voulons que les choses s’équilibrent et que les femmes restent sur le marché du travail.
  • Ne « quittez » pas avant de quitter Dès qu’une femme commence à envisager d’avoir un enfant, elle « ne lève plus la main » pour prendre des initiatives et des responsabilités qui mènent à une promotion, explique Mme Sandberg. Son conseil ? « Ne partez pas avant de partir. Restez proactive. Gardez le pied sur l’accélérateur jusqu’au jour où vous devez partir pour vous occuper d’un enfant – et prenez alors vos décisions. Ne prenez pas de décisions trop longtemps à l’avance ».

Des données révélatrices

LinkedIn, qui s’appuie sur les profils d’un milliard de membres sur la plateforme entre 2016 et 2023, souligne une tendance inquiétante. Celle-ci se vérifie à la fois en France et à l’international, malgré le fait que les femmes possèdent souvent les « soft skills » les plus recherchées dans le monde professionnel.

Chiffres clés : Part des femmes à des postes de direction

  • France: 34.3%
  • Monde: 31.7%
  • Allemagne : 23.3%
  • Espagne : 29,8%
  • Finlande: 47.2%

En France, les femmes représentent 34,3% des postes de direction, une proportion qui est légèrement au-dessus de la moyenne mondiale de 31,7%. Cependant, des pays comme l’Allemagne et l’Espagne accusent un retard significatif avec seulement 23,3% et 29,8% de femmes à des postes de direction, tandis que la Finlande se distingue avec 47,2%.

L’étude de LinkedIn met également en lumière les disparités sectorielles. Par exemple, dans le milieu de la santé, 68% des effectifs totaux sont des femmes, mais seulement 50% occupent des postes de direction. Si on regarde dans l’administration, 55% des effectifs totaux sont des femmes, contre 42% à des postes de direction.

Ces chiffres révèlent une sous-représentation des femmes dans les postes de direction, même dans les secteurs où elles constituent la majorité des effectifs.

Enfin, prenons un exemple loufoque aux États-Unis. En 2023, avec l’arrivée de 10 nouvelles PDG dans les entreprises de l’indice S&P 500, les femmes sont enfin plus nombreuses que les PDG portant le prénom « John ».
Seulement 8 % des postes de PDG dans l’indice S&P 500 sont occupés par des femmes, alors qu’elles représentent plus de 50 % de la population des États-Unis. En revanche, les hommes nommés John ne représentent que 3,27 % de la population des États-Unis et, jusqu’à récemment, ils étaient plus nombreux que les femmes parmi les PDG du S&P 500.

Analyse et perspectives pour 2024

Les données de LinkedIn suggèrent que cette baisse de la nomination des femmes à des postes de direction devrait se poursuivre sur 2024. Plusieurs facteurs pourraient expliquer cette tendance :

  • Retour des biais post-COVID : La pandémie de COVID-19 a exacerbé les inégalités de genre, avec un impact disproportionné sur les carrières des femmes. Les responsabilités familiales accrues et le stress professionnel ont conduit de nombreuses femmes à réduire leur engagement ou à quitter le marché du travail, impactant négativement leur parcours vers des postes de direction.
  • Résilience des structures patriarcales : Les structures organisationnelles et les cultures d’entreprise dominées par les hommes restent résistantes au changement, limitant les opportunités pour les femmes d’accéder à des rôles de leadership.
  • Manque de programmes de développement : Le manque de programmes efficaces de mentorat et de développement de carrière pour les femmes dans les entreprises continue de freiner leur ascension professionnelle.

Si l’étude de LinkedIn met en lumière une tendance préoccupante, il apparaît encore que, malgré leur présence significative dans plusieurs secteurs, les femmes continuent de faire face à des obstacles majeurs pour accéder aux plus hautes fonctions.

Pour inverser cette tendance, il est important pour notre société de renforcer les politiques d’égalité des chances, de promouvoir activement le mentorat et le parrainage, sensibiliser les CODIR/COMEX et lutter contre les biais inconscients dans le processus de recrutement et de promotion des femmes. Seule une approche proactive et soutenue permettra d’assurer une représentation équilibrée des genres dans les postes de direction à l’avenir.